À 42 ans, le Cubain a décidé de raccrocher le pantalon blanc et prendre sa retraite. Retour sur une carrière bien remplie.

Six fois champion de France individuel. Six fois champion de France par équipes. Six fois vainqueur des Masters de Bayonne. Des coups de génie. Des coups de gueule. On l’aime ou on ne l’aime pas. Une chose est sûre. Waltary Agusti aura laissé son empreinte sur le monde de la pelote basque à main nue. À 42 ans, il a décidé de quitter la kantxa et de prendre sa retraite. Joueur atypique avec son geste d’en haut, il a souvent défrayé la chronique. Contrairement aux Basques, Waltary Agusti n’a pas touché une pelote dès son plus jeune âge. Ce n’est qu’à 12 ans qu’il s’est vraiment intéressé à ce sport, à Cuba, chez lui. “À Cuba, on recevait des magazines qui parlaient de Pampi Laduche, Manu Martiarena, Jean-Claude Biscouby… Cela me donnait envie de jouer”, raconte-t-il.

C’est vers l’âge de 18 ans qu’il va consacrer tout son temps à la pelote. Dès ses premières compétitions internationales en championnat du monde, il se fait remarquer, notamment par son geste atypique. “Depuis tout petit, j’ai toujours tapé d’en haut. Je n’aimais pas taper d’en bas. Mon entraîneur a bataillé avec moi mais il n’a pas réussi à me faire taper d’en bas”, souligne Waltary. La première consécration arrive en 2002, à Pampelune, à l’occasion des Championnats du monde. Il remporte la médaille d’or en trinquet tête à tête et la médaille d’argent par équipes. “Après ces championnats on m’a proposé de m’échapper de Cuba mais j’ai refusé”.

Deux ans plus tard, il quitte Cuba, direction le Pays Basque. À 27 ans, le Cubain n’a pas eu la tâche facile à son arrivée. “Cela a toujours été compliqué pour moi. Dans le trinquet, je n’ai que de bons souvenirs, mais en dehors, on n’a pas été sympa avec moi. D’un côté, je le comprends et je l’ai toujours accepté, je n’ai jamais manqué de respect à personne. On m’a traité de tous les noms, même de singe”. Un accueil froid qui ne l’a pas démoralisé, bien au contraire : “Cela m’a donné plus de courage, c’est pour ça que j’ai gagné”, assure-t-il. Passé Élite pro en 2007, il a remporté son premier championnat de France dans la foulée aux côtés de Thierry Etcheto, devenu plus tard son coach. Un titre qui en a appelé bien d’autres. “Ils ont de la chance que je sois arrivé tard”, sourit-il.

“Je n’étais plus le même Waltary”

En 2014, il se blesse à l’épaule. “À partir de ce moment-là, je n’étais plus le même Waltary”, affirme-t-il. Il réussit tout de même à remporter deux autres titres en Championnat de France par équipes, en 2016 avec Bixintxo Bilbao et en 2018, avec Peio Guichandut. Durant son parcours, Waltary Agusti a “rencontré des gens exceptionnels” comme Jean-Marie Mailharro, qui l’a invité à joué aux Masters alors qu’il n’était encore qu’amateur. Et Jean-Marc Charritton. “Je lui dois la moitié de ma vie. Au niveau sportif, il a aussi beaucoup fait pour tout le monde. Tous les titres que j’ai eus après ma blessure, je lui dois”.

Aujourd’hui, il a décidé de mettre un terme à sa carrière, en partie à cause du fonctionnement de la pelote, comme il l’explique : “je ne comprends pas pourquoi ce sont toujours les mêmes qui jouent et que l’on ne mette pas des jeunes. J’aime beaucoup ce sport, cela me fait de la peine quand je vois tout ce qui se passe, que les gens ne sont pas capables de s’arranger entre eux pour faire grandir la pelote”. Même à la retraite, il continue de s’entraîner régulièrement pour pouvoir faire son jubilé en compagnie du public, au trinquet Berria, quand les conditions sanitaires le permettront. En attendant ce jour, il profite de sa fille Yanaé (11 ans) et de son fils Océan (4 ans), qu’il emmène tous les week-ends au trinquet pour taper. La relève est assurée ? “J’aimerais qu’il joue oui”, conclut Waltary.