Originaire de Saint-Jean-le-Vieux, Iñaki Etchegoin est devenu récemment professionnel en mur à gauche au Pays Basque Sud. Rares sont les Basques du Nord à avoir accédé à ce statut.

Il n’y croyait pas, et pourtant, c’est arrivé. Le 20 mai dernier, Iñaki Etchegoin a signé un contrat de deux ans avec l’empresa Asegarce, au Pays Basque Sud. Une carrière professionnelle en mur à gauche qui s’ouvre au jeune homme âgé de 23 ans. Une entrée tardive comparée aux joueurs du Pays Basque Sud, comme le souligne le pilotari : “ils passent tous professionnels vers 18-19 ans là-bas. A 23 ans, je n’y croyais pas. C’était une surprise, mais une bonne”.

Aujourd’hui professionnel en pelote, il aurait pu changer de direction, comme ses copains l’ont fait plus jeune. A 6 ans, Iñaki Etchegoin s’est mis à jouer à la pelote, naturellement. “ Mon père et mon oncle jouaient à la pelote. On jouait avec les copains à l’école”. Originaire de Saint-Jean-le-Vieux, le pilotari a joué pour le club de la Goizeko Izarra, entouré de tous ses copains. Et puis, comme cela arrive très souvent, à l’adolescence, tous ses amis se sont tournés vers le rugby. “J’hésitais aussi”, confie-t-il. Finalement, il choisira la pelote, mais une autre spécialité : le mur à gauche.

N’ayant gagné aucun titre en trinquet, Iñaki Etchegoin était attiré par le mur à gauche : “à un tournoi auquel j’ai participé à Anglet, j’ai fait la connaissance de quelqu’un d’Hegoalde. J’ai fait des entraînements là-bas et j’ai réussi à avoir une licence. Je suis entré au club Hoberenak de Pampelune”. Il avait 18 ans à l’époque. Diplômé d’un bac agricole, le pilotari n’a pas poursuivi ses études et a commencé à travailler à la ferme avec son père. “C’était compliqué de continuer mes études avec les entraînements le matin de 10h30-12h30”. En travaillant en famille, il pouvait ainsi participer aux entraînements et avoir tout de même une activité à côté.

Le plus difficile reste la route. Plus d’une heure et demi pour se rendre au Pays Basque Sud : “c’est une habitude de conduire. Le plus dur c’est surtout après les parties”, souligne-t-il. Il n’envisage pourtant pas de déménager de Saint-Jean-le-Vieux. Chaque semaine, avec son empresa Asegarce, il devra effectuer deux entraînements techniques par semaine. En compagnie de tous les autres joueurs de l’entreprise, ils ont également partagé quatre jours pour mieux se connaître. “C’est comme ici, ils ne se prennent pas le chou, explique-t-il. Quand on les voit, on dirait qu’ils sont orgueilleux mais ils ne se prennent pas la tête, ils sortent, surtout l’été où c’est plus calme”.

“Il faut surtout cogner et ne pas perdre la pelote”

Alors qu’il a déjà joué plusieurs parties pour les tournois d’été, dont deux aux côtés d’Aimar Olaizola, Iñaki Etchegoin sait qu’il a encore du travail devant lui : “je devrais travailler ma gauche qui est mon plus gros point faible”. Malgré cette lacune, il aime jouer en mur à gauche et ne compte pas abandonner. “C’est plus physique, la pelote est plus agressive et plus rapide. Il n’y a pas de planche pour s’aider. Moi j’aime bien. Ce n’est pas trop technique, à l’arrière il faut surtout cogner et ne pas perdre la pelote. En tête à tête il faut avoir un peu plus de technique”.

Si sa famille l’a toujours soutenu, ça n’a pas été le cas d’autres personnes, précise-t-il : “les deux premières années j’avais des problèmes de mains, j’avais tendance à me décourager mais maintenant tout va bien. C’est une fierté. Beaucoup de gens me disaient de revenir et je suis bien content de montrer que j’ai réussi”. Parmi ses soutiens aussi, Peio Guichandut. Le joueur Elite pro s’est même rendu à Iruñea (Pampelune) pour la première partie de son ami. Et leur histoire d’amitié a commencé d’une façon assez drôle, raconte Iñaki Etchegoin : “j’ai joué contre lui en finale trinquet catégorie poussin. J’ai perdu d’un seul point contre lui et depuis on est resté amis. Bizarrement c’est un de mes meilleurs souvenirs”.

S’il n’a jamais intégré l’Elite pro au Pays Basque Nord, comme Peio Guichandut, Iñaki Etchegoin a tout de même son idée sur l’éventuelle professionnalisation des joueurs : “ce n’est pas comme au Pays Basque Sud où il y a la télé. A mon avis, il faudrait moins de joueurs en Elite pro et plus de sponsors”. En attendant que ce jour arrive, le pilotari va profiter de sa carrière chez Asegarce avec déjà un objectif en tête : se qualifier en 1re série pour les championnats d’hiver.

© Xantxo Ernaga