Titrés champions de France Elite pro par équipes dimanche dernier, pour la deuxième fois ensemble, Peio Larralde et Bixintxo Bilbao reviennent sur leur championnat et sur la nouvelle organisation d’Esku Pilota.

La partie a été très serrée dimanche dernier. Vous étiez partis sur quelle stratégie de base face à Waltary et Guichandut ?

Bixintxo Bilbao : La stratégie au départ c’était de buter tendu. Au trinquet de Pau, on avait fait mal en jouant comme ça. Après, c’était de durcir la partie. On savait qu’ils n’avaient pas de points faibles donc on devait faire une très bonne partie, être bons sur tous les secteurs de jeu. On a vu que certaines stratégies ne passaient pas, par exemple le but, donc on a décidé de changer. Même après en défense, on a vu que Waltary arrivait à contrer nos attaques au premier filet et dans les jambes aussi. On a essayé de durcir la partie en essayant de faire taper Guichandut au maximum.

Vous remportez votre deuxième titre ensemble et toi Bixintxo, tu as réussi le triplé. C’était un peu une revanche pour vous, Peio par rapport à ta défaite en demi-finale du Championnat de France Elite pro en individuel et Bixintxo par rapport à ta saison en demi-teinte ?

Peio Larralde : Que ce soit Bixintxo ou moi, je pense qu’on a entamé le championnat par équipes gonflés à bloc. On était les deux passés plus ou moins à côté de notre championnat en individuel. Le fait de se retrouver ensemble cette année c’était une motivation supplémentaire. Ça a été une certaine forme de revanche, surtout par rapport à nous-mêmes.

B. B : Cette année, j’ai fait un tête à tête assez moyen même si j’étais dans les quatre meilleurs. Quand on atteint ce stade là l’objectif c’est de gagner. L’année dernière c’était une saison moyenne mais il faut dire que j’ai été blessé assez longtemps. Je n’ai pas eu beaucoup de régularité. C’était un peu compliqué. J’espère que cette année j’aurais moins de blessures et que je pourrais jouer comme il faut et essayer de gagner plus de tournois.

Comment avez-vous fêté la victoire ?

P.L : Comme une victoire d’un championnat de France, avec les amis, la famille et l’entourage. Tous ensemble, on a fait un bon repas, une belle fête. Ça a bien couronné le championnat.

B.B : On était resté manger au Moderne et après on a fait la fête là-bas entre copains, avec la famille et le patron du trinquet Moderne. On a passé un très bon moment et on a chanté un peu en basque.

Dès le début du championnat, on vous a désignés comme favoris. Comment l’avez-vous vécu ? Etiez-vous sereins ?

P. L : Moi j’étais plutôt serein. Je pense que j’étais le mieux placé pour savoir que l’étiquette de favori ça ne voulait rien dire. Je l’ai prouvé en tête à tête en perdant en demi-finale. On a vu qu’il n’y a que sur le terrain que ça parle. Contre toutes les équipes il a fallu jouer sérieusement. On avait un état d’esprit de respecter tout le monde, de jouer les parties à fond et de faire 40 avant tout le monde. On s’est fait peur en finale mais on a réussi à atteindre l’objectif. Je pense qu’on est monté en puissance dans le championnat. Bixintxo a eu une petite blessure qui finalement nous a peut-être stoppés à mi-championnat mais après on sentait qu’on allait de mieux en mieux. On est arrivé très bien en finale mais on avait des adversaires coriaces. Il a fallu rester soudés pour être champions cette année.

B. B : J’étais très content de rejouer avec Peio vu que l’année dernière on n’a pas fait un seul tournoi ensemble. On avait sûrement l’étiquette de favoris mais il y avait deux autres équipes qui sortaient aussi du lot comme les deux finalistes du championnat de France tête à tête [Mathieu Ospital et Baptiste Ducassou – ndlr]. Je suis très content de ce championnat vu qu’on a gagné toutes les parties avec Peio, sauf celle à Saint-Pée-sur-Nivelle, que je n’avais pas pu jouer malheureusement à cause de ma blessure. On a prouvé qu’on pouvait devenir champions de France une deuxième fois. Je suis très content du niveau qu’on a montré surtout à la fin du championnat. La finale était très compliquée à gagner. Waltary et Guichandut ont montré un très très bon niveau. Waltary, même à 38 ans, on a vu qu’il faisait partie des deux meilleurs avants.

Pendant le championnat certaines personnes vous ont soupçonnés d’avoir calculé le forfait de Bixintxo pour éviter Waltary et Guichandut en demi-finale. Que voudriez-vous leur dire ?

B. B : J’ai eu une tendinite au tendon d’Achille pendant tout ce championnat. C’est une blessure qui t’empêche de courir, de t’entraîner. Les gens pensent ce qu’ils veulent. Moi je sais que j’ai souffert à cause de cette blessure. Je pensais un moment que je n’allais peut-être pas pouvoir continuer vu que j’avais tellement mal. Avec les médecins j’ai réussi à soulager cette douleur et à reprendre ce championnat et essayé d’arriver au mieux pour les demi-finales. Ça nous a réussi.

P. L : Il faut laisser les gens penser et juger ce qu’ils veulent. Encore une fois, avec Bixintxo on était soudés, on savait qu’il fallait qu’on n’écoute que notre entourage et les médecins. Les médecins ont été unanimes. Ils lui ont dit qu’il valait mieux qu’il laisse reposer son tendon et avec raison. Il y avait le championnat mais il y a aussi l’humain. Bixintxo ne pouvait pas s’entraîner, ni jouer, c’était difficile pour lui. J’ai respecté son choix, ce qui est tout à fait normal. A Pau, jusqu’au dernier moment on ne savait pas s’il allait jouer. Nous, on n’a rien calculé du tout. On se répétait qu’il fallait battre tout le monde donc s’il avait fallu passer contre Waltary-Guichandut en demi-finale on serait passé contre eux et on aurait essayé de les battre pour être en finale. On a joué notre championnat à fond. Il faut aussi remercier Alain Migueltorena qui est venu remplacer Bixintxo au pied levé. On n’a rien calculé. Bixintxo était inquiet et moi aussi.

Les tournois d’été ont repris. Quels vont être vos objectifs ?

P. L : Moi c’est Anglet, Armendarits, Arcangues, le Master de Bayonne et après tous les autres gros tournois de l’année. Ce sont ceux-là mes objectifs principaux.

B. B : Le trophée de Cize, Anglet avec Peio. On va essayer de gagner pour la première fois ensemble. Après Armendarits, peut-être Saint-Jean-de-Luz. Et surtout l’objectif est de ne pas se blesser et d’avoir de la continuité.

Que pensez-vous de la réorganisation d’Esku Pilota et des nouvelles dotations ?

P. L : C’est une très bonne évolution. Ils s’appuient sur ce qui a été fait par Jean-Baptiste De Ezcurra et toute son équipe. C’est très bien, c’est un nouvel élan pour Esku Pilota. Cette année, ça va être une année de transition, tous les joueurs l’ont bien compris. C’est pour le bien de la pelote, des joueurs et de tous les pelotazale. Que du positif. Maintenant, il faut que tout le monde joue le jeu et qu’on avance tout en pensant à nous, certes. Il va falloir penser à intégrer des jeunes avec nous car on a besoin d’eux.

B. B : Je pense que c’est une très bonne chose. On va jouer avec les mêmes maillots et les mêmes sponsors toute l’année. Il y aura des primes dans les tournois Esku Pilota. Manu Martiarena et Jean-Baptiste De Ezcurra ont très bien travaillé. Comme l’a dit Peio c’est la continuité. J’espère que ça va évoluer dans le bon sens. Notre rôle de joueur c’est de s’entraîner, d’être bon sur la kantxa et ensuite il faut laisser travailler les organisateurs et on fait entièrement confiance à Manu Martiarena. Il est là pour le bien de la pelote à main nue.

Vous avez encore le statut de joueur indépendant, que manque-t-il pour vous professionnaliser ?

P. L : Que tout passe par Esku Pilota. Pour que les joueurs soient vraiment professionnels, il faut qu’ils soient sous contrat avec une entité, une entreprise. Aujourd’hui c’est Esku Pilota qui reverse cette prime dans ses tournois mais au final c’est l’organisateur qui nous paye. On est obligé de participer aux tournois pour gagner de l’argent sinon on n’est pas payés. Il faudrait qu’on ne dépende que d’Esku Pilota, qu’on soit sous contrat et qu’on ait un salaire à la fin du mois.

B. B : Je pense comme Peio que pour se professionnaliser il faudrait qu’on ait des contrats, qu’on appartienne à Esku Pilota. On serait obligé de jouer les parties qu’on nous imposerait. Pour le moment c’est compliqué, les organisateurs privés ont leur place même si on va jouer tout le temps avec les maillots Esku Pilota. Je pense que c’est déjà un bon début mais ça va toujours être compliqué de professionnaliser la main nue en Iparralde car c’est un petit sport même si on attire beaucoup de public. Il manque encore du budget je pense.