Journaliste sportif à France Télévisions, Benoît Durand a récemment réalisé un reportage sur Eric Irastorza. Il nous livre sa vision de la pelote basque.

 

Comment avez-vous découvert la pelote basque ?

Benoît Durand : Depuis tout petit je vais au Pays basque. Je n’y suis pas né mais j’ai une partie de ma famille là-bas. Même maintenant j’emmène mes enfants. J’ai toujours vu les frontons, les gens à Ciboure taper une pelote, en place libre. Plus vieux, vers 23-24 ans, je suis allé voir des parties au Jai Alai de Saint-Jean-de-Luz ou de Biarritz. J’ai découvert la pelote presque comme un touriste, un peu plus averti mais pas au point de mieux connaître comme maintenant, en faisant des sujets.

Avez-vous déjà pratiqué ?

B.D : Jamais, sauf pendant le tournage à Saint-Jean-de-Luz, pendant l’entraînement des jeunes avec Eric Irastorza. Philippe Etcheberry m’a fait enfiler un gant après pour voir ce que cela donnait. J’arrive à sortir la pelote du gant et taper vers le mur. Il m’a dit que c’était déjà pas mal pour une première.

Pourquoi avoir choisi de parler de cesta punta dans votre reportage plutôt que d’une autre spécialité ?

B.D : Quand je suis arrivé au service sport, il y a une dizaine d’années, j’avais déjà en tête un sujet que j’avais vu il y a très longtemps d’un collègue sur Eric Irastorza quand il était en Floride. Je me tiens à peu près au courant de ce qui se passe au Pays basque en lisant Sud Ouest régulièrement et toute la presse locale. J’avais vu qu’Eric rentrait au pays, il y a un an et demi, parce que ça se cassait la figure en Floride. Je l’ai contacté à ce moment-là. Il m’a dit qu’il partait au Mexique et cela m’a donné l’idée de dire à mes chefs ‘on a une partie de l’histoire aux Etats-Unis dans nos archives et l’autre partie de l’histoire est en train de se faire et au bout il y a un championnat du monde’. Ça a commencé à les intéresser.

Avez-vous déjà réalisé des reportages sur d’autres spécialités ?

B.D : Je n’ai fait que ce sujet pour l’instant, même si justement, j’aimerais bien aller à Barcelone pour pouvoir montrer ce qui existe en dehors de la cesta punta. J’aimerais suivre Peio Larralde pour la main nue par exemple, mais c’est loin d’être fait. Personnellement j’aimerais y aller mais ce n’est pas moi qui décide.

La pelote basque est-elle connue à Paris ?

B.D : Il y a un fronton connu ici à Paris car il fait bar-restaurant, dans le 16e arrondissement. Ça joue, tu peux réserver ton créneau un peu comme au tennis. C’est plus à pala ou à main nue car il n’y a pas de jai alai. Il y a deux trois lieux comme ça et les gens connaissent la pelote surtout par le 16e arrondissement.

Quel regard portez-vous sur la pelote basque, un sport qui n’est pas très connu en dehors du Pays basque ?

B.D : Dans le service sport, ceux qui ont vu le sujet ont découvert pour certains ce sport là. Bien sûr, ils en avaient entendu parler ou voyaient à peu près ce que c’est, mais ils ne connaissaient pas grand-chose au point de vue technique. Ça a beaucoup plu dans le service. Les journalistes ont toujours l’impression que c’est un sport régional. Quand on parle de pelote basque ils entendent Pays basque. Sauf qu’ils se sont rendus compte qu’au Mexique on connaît Eric Irastorza. Ils ont compris que c’était beaucoup plus international que ce que son nom laisse penser. Moi, je ne suis pas très objectif. J’aime beaucoup la pelote, je suis très attaché au Pays basque en lui-même.

Le but du sujet était de parler du personnage Eric Irastorza et que les gens voient ce qu’est la pelote basque. Avant de le vivre avec Eric, je ne savais pas que cela jouait autant au Mexique, qu’il y avait un Jai Alai aussi beau. Il faut le voir pour le croire. Par exemple, dans le club où l’on a tourné le reportage, ils ont quatre murs à gauche. C’est dingue. Tous les matins, cela joue à fond sur tous les frontons. Je ne pensais pas à ce point là. Je me dis qu’alors qu’on est loin du Pays basque ça joue beaucoup. J’étais assez surpris, dans le bon sens du terme. Maintenant que j’ai des clés pour mieux comprendre le sport, c’est encore plus impressionnant. C’est un sport magnifique, et dans la gestuelle et dans la puissance. Je trouve dommage que cela reste cantonné à un sport régional dans la tête des gens. Une fois que tu as deux ou trois clés pour comprendre, tu es pris au jeu. C’est un vrai sport de haut niveau, ce n’est pas un sport de démonstration.

© France TV

Reportage sur Eric Irastorza, réalisé pour Stade 2 :